Il a manqué 20 mètres à Alexandre Balmer

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Alexandre Balmer se retourne et voit le peloton à ses trousses. Alors il se remet en danseuse, arrache les pédales avec les infimes forces qu’il lui reste encore du haut des cuisses jusqu’au bout des orteilles. Il se rassoit, prendre une position aérodynamique, les mains en haut des cocottes, puis tente de relancer encore une fois, en danseuse… Il reste alors 100 mètres, puis 50… Mais le voilà repris par Pierre-Luc Périchon puis par Bram Welten, lauréat une poignée de secondes plus tard. Il restait alors une vingtaine de mètres jusqu’à la ligne d’arrivée. C’était ce samedi en fin d’après-midi, sur les routes du Tour de Vendée (1.1). Le coureur de la Conti Groupama-FDJ, présent pour l’occasion avec la WorldTeam du même nom, a failli jouer un drôle de tour à l'ensemble de ses adversaires, qui ne l'imaginaient sans doute pas à pareille fête, mais il lui a manqué trois fois rien pour cueillir une victoire retentissante (voir classement). “Je suis passé à côté de ma première victoire professionnelle”, conçoit-il brièvement après l’arrivée.

EN ACTION DÈS LES PREMIERS KILOMÈTRES

Sur la route du retour, le Suisse semblait avoir déjà relativisé. Mais il a bien conscience qu’il avait ce succès dans les jambes, au moment de se refaire le film de la journée. “Ce qui m’a coûté l’énergie qu’il me manque sur la fin, c’est l’effort des premiers kilomètres, je pense. Lorsque je suis sorti en contre, les deux mecs qui étaient devant ne m’ont pas attendu. J’ai dû faire un premier contre-la-montre individuel pour boucher le trou. Puis une fois devant, il a encore fallu qu’on lève le cul de la selle et qu’on se fasse mal pour créer un écart parce que le peloton ne nous a pas laissé prendre de champ tout de suite”, résume-t-il pour DirectVelo avec son franc-parler habituel.

Dans le final, c’est un groupe d’une vingtaine d’unités qui semble parti pour se jouer la victoire lorsqu’Alexandre Balmer décide de s’en extraire une nouvelle fois, à 18 kilomètres du but. “Il y a eu beaucoup de mouvements et j’ai fini par moi-même y aller. Je ne voulais pas forcément m’isoler mais une fois seul devant, je me suis dit que je n’avais plus le choix. Alors j’ai tenté le tout pour le tout. La chance se provoque, de toute façon”. L’ancien vice-Champion d’Europe Juniors 2019 - en République tchèque, derrière Remco Evenepoel (lire ici) - a le temps de se voir gagner lorsqu’il prend plus de vingt secondes d’avance sur ses anciens compagnons de fugue. Avant de buter dans les derniers instants de la course. “Le dernier faux-plat montant était de trop. Le problème, c’est qu’il y avait trop d’équipes représentées derrière moi et quelques équipiers pour rouler. Ils se relayaient alors forcément, pour un homme seul, c’est trop dur”. Malgré la déception, Alexandre Balmer est fier de sa journée. “Par contre, je ne m’attendais pas à un parcours comme celui-là. Si j’avais vu que c’était si dur, j’aurais attendu un peu avant de commencer à lâcher des cartouches”.

CHANGEMENT D'ÉQUIPE ET DE PRIORITÉS EN 2022

Il y a quelques jours seulement, le coureur de 21 ans regrettait d’être passé tout près de son premier succès international, lors de l’ultime étape de la Ronde de l’Isard (2.2U) durant laquelle il avait été impressionnant, notamment dans les descentes de cols puis dans la dernière partie plane. Il avait alors, déjà, réalisé un joli numéro en solitaire (lire ici). Six jours après être passé proche de sa première victoire en Classe 2, il est passé encore plus prêt d’un succès… en Classe 1. “C’est vrai, c’est drôle ça !”, rigole-t-il lorsqu’on lui rappelle le scénario du week-end précédent et ses propos d’alors. “C’est sûr que c’est passé tout près ! Ce sera peut-être pour la prochaine fois, qui sait ! J’espère que ce sera la bonne car la forme est vraiment bonne. Si j’avais gagné aujourd’hui, ça aurait été avec la manière. C’était tout ou rien mais j’aime courir de la sorte”.

S’il l’avait emporté, l’histoire aurait été d’autant plus belle qu’Alexandre Balmer ne devait, initialement, pas courir ce samedi. “J’ai su que j’allais venir seulement mercredi, en remplacement de Miles Scotson, malade. C’était la même chose pour Paris-Bourges, jeudi. Je l’avais su la veille ! Ici en Vendée, on n’avait pas de vrai leader sur cette course alors chacun avait sa carte à jouer. On pouvait tenter des choses”. Cette belle performance ne change en rien les plans de l’Helvète, qui va quitter la Conti Groupama-FDJ cet hiver et qui compte se consacrer, en partie, au VTT dans les saisons à venir. Avec les Jeux Olympiques de Paris 2024 dans un coin de la tête. “Je veux trouver un projet dans lequel m’épanouir, un projet qui me convienne et où j’aurai la liberté de disputer les courses de VTT que je souhaite, tout en continuant la route en parallèle, mais avec un programme allégé”. Ce discours, qu’il tenait la semaine passée, reste inchangé après sa performance du jour. “Sans doute que le manager va recevoir quelques appels après ce que j’ai fait aujourd’hui (rires). Mais quand j’ai décidé quelque chose, je ne perds pas d’énergie à me reposer des questions ou à revenir dessus. J’ai pris le temps de réfléchir et je compte bien me tenir à mes plans. On ne va pas changer d’avis toutes les cinq minutes”.

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